Avis | Une agate rouge sang

Une agate rouge sang – Frédérick Maurès

224 pages

« Dans un petit village, quelque part en France, Marie-Louise, une vieille dame presque centenaire, disparaît en léguant à celui qui s’occupe de son jardin, Mathieu Lambert, un appartement qu’elle possédait à Paris et qui est demeuré inoccupé depuis 1943. Mathieu ne sait pas pourquoi il a hérité ce bien et va découvrir petit à petit les composantes du passé de sa bienfaitrice et, par voie de conséquence, de son propre passé. »

Tout d’abord, je tiens à remercier l’auteur pour sa confiance pour mon tout premier SP. J’ai lu ce livre en format numérique (il est constitué de 130 pages). J’annonce tout de suite la couleur : Une agate rouge sang est un roman auto-édité que j’ai adoré.

Lorsque j’ai commencé la lecture, j’ai tout de suite été remplie d’émotion. Dieu, que c’est beau. Que c’est bien écrit. L’évocation du deuil et de la tristesse qui l’accompagne est bien transmise, par des mots touchants choisis avec soin.

Le gros point fort de ce livre, c’est l’histoire. Habituellement j’ai beaucoup de mal avec les romans historiques. Un peu moins avec ceux qui ont pour sujet la guerre. Mais ici, j’ai été conquise. Au fil des pages, on découvre le personnage de Mathieu, très attaché à la défunte Marie-Louise. Mathieu Lambert est désigné comme héritier d’un appartement parisien inhabité depuis des années, à sa grande surprise. S’en suit alors une enquête dans le passé de cette vieille femme à la fois douce et mystérieuse, débordante d’amour et de tourments imperceptibles.

Second point fort : l’écriture. Honnêtement, ça fait un bien fou de lire un livre vraiment bien écrit. Avec des termes recherchés, du vocabulaire soutenu et des phrases bien travaillées. Le tout n’est pourtant pas lourd, au contraire. Le roman est assez rapide à lire. La scission en chapitres maintient le suspens. Les allers et retours incessants dans le temps ne perdent pas le lecteur, bien au contraire. Les chapitres sont bien coupés et m’ont tenu en haleine jusqu’à la fin.

Et la fin, justement.. Parlons-en. Elle était magistrale, à la hauteur de tout le roman. J’adore les fins qui ne me déçoivent pas et qui me surprennent même si ici, le lecteur pouvait deviner une certaine partie des évènements terminaux. Pourtant, j’ai été satisfaite de cette fin et j’ai fini ma lecture avec le sourire accroché aux lèvres, ravie d’avoir lu ce petit bijou pourtant méconnu.

E X T R A I T
premières lignes

« Aujourd’hui, le jardin est triste et lugubre malgré la promesse d’une belle journée ensoleillée qui s’extirpe des entrailles de la nuit. Le temps est poisseux, sale. Madame Marie-Louise est morte. Elle a choisi cette belle nuit du 13 mai pour tirer sa révérence. Sans prévenir. Le facteur avait un colis pour elle. Il s’est étonné que la sonnette résonne dans le vide. Pas dans les habitudes de la vieille dame cloîtrée. Je reste planté là, les membres paralysés, le regard figé. Il est beau ce jardin. Je m’imprègne des perspectives et figures de style que je me suis efforcé de sculpter au fil des saisons. Avec application, méthode et passion. Ce jardin est aussi un peu le mien. Une sorte de résidence secondaire ouverte sur l’infini. Lorsque je constatais le bonheur que mes travaux procuraient à Madame Marie-Louise, lorsque son œil vif de nonagénaire sémillante pétillait de plaisir, alors j’étais le plus heureux des hommes. Quelque part à mi-chemin entre la satisfaction de l’écolier fier de ramener chez lui un billet d’honneur inespéré et la jouissance de l’artiste dont la nouvelle création reçoit un accueil enthousiaste. Madame Marie-Louise est morte. »

je n’ai pas conservé la mise en forme d’origine mais elle est bien plus agréable à lire

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